jeudi 10 mars 2011

Defender (1987)

Back to the Roots



1. Kickback City - 4'51
2. Loanshark Blues - 4'29
3. Continental Op - 4'34
4. I Ain't No Saint - 5'00
5. Failsafe Day - 4'25
6. Road To Hell - 5'21
7. Doing Time - 4'08
8. Smear Campaign - 4'49
9. Don't Start Me To Talkin' - 3'37
10. Seven Days - 5'15

Bonus Tracks de la réédition de 2000:


1. Seems To Me - 4'54
2. No Peace For The Wicked - 4'06

Cinq années séparent Defender de son prédécesseur Jinx. Un laps de temps conséquent qui témoigne des errements et des doutes du guitariste. Et outre les soucis d'ordres artistiques, il doit faire face à des problèmes d'ordres privés qui ont débouché sur une dépendance à l'alcool et aux médicaments (cf. Anabolisants) qui l'ont profondément marqué physiquement.
Defender est en fait la deuxième tentative de Rory de livrer un nouvel opus depuis Jinx. Initialement un album intitulé Torch devait sortir en 1986 - mais comme pour l'album avorté des sessions de San Francisco de 1977, il l'envoya à la poubelle.
C'est toujours avec Brendan O' Neil à la batterie et le fidèle Gerry McAvoy à la basse que Gallagher enregistre Defender en 1987. Il sort sur son tout nouveau label Capo, crée une fois de plus pour avoir la main mise sur la musique qu'il produit.

Pochette Originale
Kickback City qui ouvre l'album ressemble à une chute de Jinx tant il se rapproche du registre Heavy Rock des titres qui composent cet album. Un riff d'intro lourd, un solo joué sur Coral Sitar et un son de clavier très typé 80's... avec ce titre Rory semble faire ses adieux à la voie Hard/Heavy qu'il avait entrepris à la fin des 70's. Le fait de le voir ouvrir l'album n'est sûrement pas anodin.

Loanshark Blues incarne à merveille la nouvelle voie sur laquelle Rory à décidé de s'aventurer. En réalité plus qu'une nouvelle orientation, il s'agit avant tout d'un retour aux sources. En effet c'est sous les traits du Blues que Rory fait son retour. Moins flamboyant et tape à l'oeil qu'auparavant c'est sous un jour plus mature et réfléchi qu'il aborde de nouveau cette musique sur disque. Loanshark Blues s'inscrit dans un registre Swamp Blues de par son rythme.

La passion de Rory pour les polars et romans d'espionnages atteint son paroxysme avec Continental Op. Inspiré du héros du même nom, crée par le célèbre auteur de roman noir Dashiell Hammett, le titre se présente sous la forme d'un boogie rock solide. Un nouveau standard scénique qui ouvrira la majorité des concerts du guitariste jusqu'à l'ultime prestation de janvier 1995.

I Ain't No Saint poursuit dans la même veine bluesy mais cette fois Rory doit rivaliser de virtuosité avec l'harmoniciste Mark Feltham (ex- Nine Below Zero) qui intègre le Rory Gallagher Band de la plus belle des manières. L'intégration d'un harmoniciste aussi talentueux va apporter un équilibre et une nuance à la musique de Gallagher qui avait fait défaut sur les derniers albums.


Dashiell Hammett le créateur du Continental Op.
Rory renoue avec le Rock sous les traits de Failsafe Day où il fait part de son angoisse de la prolifération des armes nucléaires. Une composition assez moyenne finalement, le riff rappelant par moment le riff du Start Me Up des Rolling Stones. Ce qui pèche sur ce titre c'est le chant de Rory sur les couplets sonnant assez mainstream.
Au sujet de la voix, il est intéressant de constater son évolution depuis ses débuts. D'une voix claire et rocailleuse, il est passé à une voix très grave. Un changement sûrement à mettre au crédit d'une consommation excessive d'anabolisants mais aussi des tournées à répétition.
Road To Hell joue lui aussi dans une veine Rock stonienne mais avec plus de réussite.

Doing Time est à l'image des boogie rock fiévreux que Gallagher composait dans les 70's. Un riff de guitare tranchant avec de grosses parties de slide guitar soutenue par une rythmique sans faille.
Plus léger Smear Campaign où Rory joue en son clair est une compo plaisante à défaut d'être originale. Toutefois il est intéressant de se pencher sur les paroles où Rory dénonce la corruption politique.

Don't Start Me To Talkin' est la grande reprise Blues de l'album Defender. A l'origine joué par le bluesman harmoniciste Sonny Boy Williamson II (aka Rice Miller), l'apport de Mark Feltham est pour ainsi dire primordiale. Rory de son côté n'est pas en reste car il montre, en cette décennie du second revival Blues, qu'il fait partie de ceux qui connaissent le mieux cette musique.

L'édition originale de 1987 se termine avec un titre acoustique. Seven Days renoue avec le Blues acoustique après tant d'année d'absence de ce style dans la discographie de l'irlandais. Un Blues tout à fait personnel loin des stéréotypes éculés, même si le texte colle parfaitement aux codes du genre, l'intro à consonance celte suffit à elle seule d'en faire l'un des blues les plus personnels de sa discographie. A noter le retour furtif d'un revenant en la personne de Lou Martin au clavier.

Le remasters de 2000 voit l'intégration de deux bonus tracks qui étaient en réalité présents sur un single accompagnant la première édition de l'album.
Sur Seems To Me le rapprochement avec Stevie Ray Vaughan est tentant. En effet la compo est assez proche des shuffles texan que le guitariste américain avait pour habitude de parsemer au gré de ses albums.
Par contre No Peace For The Wicked aurait largement mérité de figurer dans la tracklist de l'album original. Un titre rappelant les chants de chain gang de par son rythme de batterie et le son poisseux de la guitare rappelant les pionniers du Delta Blues tel que Son House.


Bien qu'étant sorti dans l'indifférence quasi générale car passé de mode, Defender est l'oeuvre d'un artiste mature qui a roulé sa bosse. Un album sans artifice d'un musicien sincère - l'ultime oeuvre du guitariste allait bientôt prouver cet état de fait...







1 commentaire:

  1. Très belle chronique, tu m'as donné envie de ressortir l'album.

    Devil's Slide

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