lundi 14 mars 2011

Fresh Evidence (1990)

For The Last Time


1. Kid Gloves - 5'40
2. The King Of Zydeco - 3'43
3. Middlename - 4'15
4. Alexis - 4'07
5. Empire State Express - 5'08
6. Ghost Blues - 8'01
7. Heaven's Gate - 5'09
8. The Loop - 2'23
9. Walkin' Wounded - 5'09
10. Slumming Angel - 3'40

Bonus Tracks de la réédition de 2000:


1. Never Asked You For Nothin' - 4'29
2. Bowed Not Broken - 3'26

Que de chemin parcouru depuis l'époque Taste ! Vingt années après le dernier opus de la fameuse formation (cf. On The Boards) peu d'artistes peuvent se vanter d'avoir eu une carrière aussi remplie, tant sur le plan discographique que scénique. Si les 80's ont été un virage déroutant pour plus d'un artiste issu de la même génération que Rory. Ce dernier malgré deux opus légèrement inférieur à su résister aux modes et préserver sa musique de toute emprise extérieure.
Malheureusement cette indépendance a un prix, passé de mode aux yeux des maisons de disques (qui lui préfèrent un Stevie Ray Vaughan ou un Gary Moore), il essuya plusieurs refus de la part de certains distributeurs (notamment aux Etats-Unis) pour sortir Fresh Evidence. Il trouvera toutefois écho au près de IRS Records qui publia son ultime album le 1er mai 1990.

Pochette Originale
Fresh Evidence marque encore plus que son prédécesseur Defender, l'ambition du guitariste de renouer avec les racines Blues. Délesté de la production 80's qui faisait défaut sur l'album précédent, ce nouvel opus gagne en crédibilité et en profondeur. Malgré un line up inchangé (Brendan O'Neil, Mark Feltham et Gerry McAvoy évoluant toujours à leur poste respectif) le groupe élargit son champ de vision musical avec l'apport de musiciens extérieurs (Geraint Watkins à l'accordéon, Lou Martin et John Cooke aux claviers et la section de cuivre assurée par John Earle, Ray Beavis et Dick Hanson)
Gallagher renoue avec la versatilité des premiers disques et sa vision du Blues tranche considérablement avec la tendance en vogue à l'époque. Ici le texte prévaut autant que les parties de guitares et n'est pas prétexte à d'interminable solos. Le Blues est le langage de l'âme et cela le guitariste l'a bien compris.

Kid Gloves qui ouvre l'album est un Rock énergique soutenu par une section de cuivre et par le piano de Lou Martin (dont c'est la deuxième apparition sur un album de Rory depuis Defender). Le texte est dans la lignée des thèmes appréciés par Rory - à savoir les histoires d'espionnages et de romans noirs. 

Loanshark Blues sur l'opus précédent montrait l'intérêt de Rory pour le Swamp Blues et le Blues à tendance Cajun/Zydeco. Avec The King Of Zydeco, il embrasse littéralement le genre avec l'apport de l'accordéon de Geraint Watkins (célèbre pianiste et accordéoniste qui outre Rory a joué avec Dr Feelgood, The Fabulous Thunderbirds, Eric Clapton...). Le titre est avant tout un hommage à l'accordéoniste Clifton Chenier.


Middlename est lui aussi un hommage mais à John Lee Hooker cette fois. La rythmique est lourde et hypnotique et l'apport de l'harmonica de Mark Feltham ne fait que renforcer les parties de guitares finement ciselées de Gallagher.
Alexis est un instrumental dans le pure style Zydeco où il est cette fois question de rendre hommage à Alexis Korner, le pionnier du British Blues avec John Mayall. Rory a eu la chance de le côtoyer, notamment à ses débuts lorsqu'il officiait dans les showbands.


Gallagher l'a prouvé tout au long de sa carrière, sa maîtrise de la steel guitar et du Delta Blues en font l'un des plus grands spécialistes du genre. La reprise de Empire State Express du bluesman Son House montre que Rory est l'un des rares guitaristes anglais (et même au monde) a être capable de rentre justice à un tel morceau.
Ghost Blues avec son intro sur fond de mandolas et de synthé est un titre Blues assez pessimiste en dépit de son rythme frénétique. Rory y traite de l'alcool comme dans bien des titres de sa discographie, mais à la seule différence où les paroles semblent faire écho de son propre alcoolisme. Avec une issue pour le moins tragique...

Un malaise d'autant plus renforcé par le titre suivant Heaven's Gate (littéralement La porte du paradis) qui conte l'histoire d'une impossible rédemption. Musicalement on se retrouve dans le prolongement de Middlename avec des échanges d'harmonica et de guitares de hautes volées.
Si Gallagher a inséré The Loop dans la setlist de ses concerts à partir de la fin des 80's, il faudra attendre 1990 pour le voir intégrer un de ses albums. Il s'agit d'un instrumental dans une veine Chicago Blues qui fait allusion au métro aérien de la ville de Chicago comme en témoigne le son de métro en introduction du titre.
Walkin' Wounded est un titre blues/rock dans la pure tradition Gallagherienne. Avec de splendides interventions de saxophones.
L'album original se termine avec Slumming Angel, un titre Rock plus classique se démarquant du registre Blues prononcé du reste de l'album.

Le remaster de 2000 voit l’intégration de deux bonus tracks: Never Asked You For Nothin' un shuffle blues dans une veine cajun/zydeco où l'accordéon de Geraint Watkins fait de nouveau des merveilles. Bowed Not Broken joue la carte du Rock et montre clairement ce qu'aurait pu donner certains titres Rock des albums des 80's, si ils avaient bénéficié d'une production adaptée. Car sans être une merveille ce titre reste agréable à l'écoute, notamment grâce aux légers traits de slide émaillant les couplets.


Bien que diversifié, original et personnel - Fresh Evidence ne trouvera pas son public et la descente aux enfers amorcée depuis 1987 entraînera Rory Gallagher jusqu'à ce jour fatidique de juin 1995.
Ce qui devait s'avérer être comme une renaissance se transforma en testament musical...





1 commentaire:

  1. c'est un superbe album que je me passe en boucle, c'est le dernier, il n'y a rien à jeter, pour moi, c'est un bijou qui me donne envie de bouger, de chanter, qui me touche terriblement et que j'ai envie de partager, un vrai bonheur.

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