jeudi 16 décembre 2010

Calling Card (1976)


1. Do You Read Me - 5'20
2. Country Mile - 3'18
3. Moonchild - 4'48
4. Calling Card - 5'24
5. I'll Admit Your Gone - 4'25
6. Secret Agent - 5'45
7. Jacknife Beat - 7'04
8. Edged In Blue -  5'31
9. Barley And Grape Rag - 3'39

Bonus Tracks de la réédition de 1999 :

1. Rue The Day - 4'14
2. Public Enemy (B-Girl Version) - 4'35

Pochette Originale
Malgré le désaveu de son auteur (et de Gerry Mc Avoy !) Calling Card est sûrement l'album du quartette le plus réussi. Rory lui reprochait une production trop lourde, gommant l'aspect live et brut de décoffrage en comparaison des opus précédent. Une production réalisé par le non moins célèbre bassiste du Deep Purple MKII: Roger Glover. 

Si l'on compare avec les autres albums du quartette, il est vrai que la section rythmique sonne de façon plus rigide. Ce que montre parfaitement Do You Read Me et son roulement de batterie amorçant un riff de guitare appuyé par l'orgue de Lou Martin. Un titre aux accents Funk qui à l'instar de la majorité des titres de l'album sera exploité pleinement sur scène lors de la tournée suivant la sortie de l'album.

Country Mile est un boogie rock fiévreux qui n'est pas sans rappeler de par sa forme et son usage du bottleneck, le titre Souped Up Ford de l'album précédent.

Jusqu'ici les titres à consonance Hard Rock n'étaient pas légion dans le répertoire de Rory. Moonchild laisse clairement présager l'orientation que Gallagher prendra après Calling Card. Le titre se pare d'une ambiance sombre qui détonne avec les autres compositions de l'album.


Le titre éponyme pourrait être perçu à lui seul comme une synthèse des influences du guitariste. A la fois Blues, Jazz et Rock - Calling Card est le genre de titre qui fera défaut dans les albums qui suivront. Un titre audacieux où la virtuosité de Rory atteint des sommets. Cependant on remarquera que la version studio sera largement supplantée par les versions live où le duo de solos entre Rory & Gerry et l'intense progression qui en résulte viendront parachever ce titre exceptionnel.

L'album se pare ensuite d'une ambiance intimiste et mélancolique avec I'll Admit You're Gone, un titre acoustique agrémentée de partie de slide toute en subtilité.
Véritable archétype blues rock - Secret Agent fait partie des grandes réussites de cet album. Outre les parties de slide qui font mouche, on peut souligner l'ironie des paroles avec un thème cher à Rory: les histoires d'espionnage. Clin d'oeil amusant - lors de certains concerts, Gallagher joue le thème de James Bond à la fin ou au début du titre.

Jacknife Beat à mi chemin entre le Funk et le Jazz tend à prouver que contrairement aux albums précédents, le clavier n'est plus uniquement un prétexte pour jammer. On remarque ici, comme sur la plupart des compositions de l'album qu'il est bien souvent l'élément central et le pilier de chacune des compositions.
Morceau bien trop méconnue du guitariste, Edged In Blue est un véritable bijou de part sa construction. Ses nombreux breaks devaient être plutôt ardu à retranscrire en live, ce qui doit expliquer que l'on dénombre si peu de témoignage audio de ce titre sur scène.

L'album de 1976 se termine avec Barley And Grape Rag, un titre festif joué avec la fameuse National Triolian de 1930. Abondamment jouer sur scène et souvent en medley avec Pistol Slapper Blues, le titre sera ré enregistré plus tard avec le célèbre groupe de musique irlandaise -The Dubliners.  

La réédition de 1999 voit l'insertion de deux titres des sessions de 1977 pour l'album avorté qui devait succéder à Calling Card.
Le premier titre Rue The Day est un titre rythm n' blues explosif rappelant par moment le style de compo de Ike & Tina Turner.
Le second Public Enemy (B-Girl Version) n'est ni plus ni moins que la version embryonnaire du titre Public Enemy N°1 qui verra le jour plus tard sur l'album Top Priority.



Plébiscité à juste titre par les fans, Calling Card malgré les reproches de son auteur est l'opus le plus dense musicalement. Chaque titres montrent une facette différente avec un groupe à son apogée. Pourtant rien ne pouvait laisser présager du revirement à venir ...







dimanche 12 décembre 2010

Against The Grain (1975)

A contre courant


1. Let Me In - 4'03
2. Cross Me Off Your List - 4'30
3. Ain't Too Good - 3'57
4. Souped-Up Ford - 6'32
5. Bought and Sold - 3'34
6. I Take What I Want - 4'23
7. Lost At Sea - 3'58
8. All Around Man - 5'55
9. Out On The Western Plain - 3'53
10. At The Bottom - 3'23

Bonus de la réédition de 1999 :

1. Cluney Blues - 2'13
2. My Baby, Sure - 2'55

Pochette originale

Suite au succès colossal du live Irish Tour'74, Rory prend ses distances avec le music business en signant sur le label indépendant Chrysalis son 5ème album studio - Against The Grain - signifiant littéralement (A contre courant) et désigne aussi le "grain" de la guitare (d'où la photo de la fameuse Strat 61 sur la pochette de l'album). En effet, Rory n'est pas très en phase avec son époque et continu au gré de ses albums de livrer son amour pour le Blues, le Rock, le Jazz et la musique Folk.

Against The Grain marque sa troisième collaboration avec le quartette toujours constitué de Rod De'Ath (Batterie), Gerry McAvoy (Basse) et de Lou Martin (Claviers). Une formation désormais rôdé à l'exercice des albums studios qui sur cet opus montre sa parfaite cohésion.

Ce que démontre parfaitement le titre d'ouverture, Let Me In - un Rock enjoué où les parties de guitares et de claviers ne font plus qu'un.
Cross Me Off Your List se démarque par sa couleur Jazzy et sa rythmique aux accents Funk. Ain't Too Good est sans conteste une des plus belles balades de Rory, mais aussi une des plus méconnues. On y retrouve la sensibilité des premières balades de Gallagher (cf.I fall Apart) avec un chant sûr et un solo de guitare tout en retenu. Ce titre comporte en lui tous les éléments propices pour faire un tube.

Un album de Rory ne serait pas ce qu'il est sans son éternel boogie rock fiévreux, Souped-Up Ford -  est un titre hommage à la Ford Zodiac Executive Mk4 de Rory dans laquelle il avait eu l'honneur, d'y faire monter Muddy Waters fin 1971 lors de l'enregistrement des "Londons Sessions". Un titre où la guitare slide tient une place dominante. Et aussi un grand standard qui connaîtra de beaux jours sur scène.


Autre standard incontournable du répertoire du Rory Gallagher Band - Bought & Sold  et son riff joué et chanté à l'unisson, sera interprété systématiquement sur les tournées qui suivront et même après la dissolution du quartette.

I Take What What I Want est un titre écrit par Isaac Hayes pour le duo de musique Soul - Sam & Dave (1965) - mais c'est la version du duo James & Bobby Purify (1967) qui servira de modèle pour la version sous amphétamine de Rory.

L'hymne pour les marins solitaires aux accents celte - Lost At Sea - tranche avec le son gras de la reprise du bluesman Bo Carter qui suit. Rory s’approprie littéralement All Around Man. Ceux qui pensent qu'avec le quartette, Rory s'éloignait de son son originel seront surpris. Sur ce titre le Rory Gallagher Band MKII se hisse au même niveau que celui du power trio du Live in Europe. Un seul mot pour définir cette reprise: Apocalyptique.

Au regard de sa discographie, il est vrai que Rory a fait beaucoup de reprises. Mais contrairement à d'autres artistes, il ne tombe jamais dans la facilité en jouant à la note près de façon religieuse de peur d'égratigner l'originale. Il n'hésite jamais à s'écarter de l'idiome pour proposer sa version.
Si l'on se fit à ce critère alors Out On The Western Plain est sans conteste la reprise la plus réussie de Rory Gallagher.
Ce titre du bluesman Leadbelly (aka Huddie Ledbetter) dont le titre original est "When The Boys Where Out On The Western Plains" (1954) est repris sous une forme acoustique totalement inédite grâce à l'accordage DADGAD (Ré/La/Ré/Sol/La/Ré) qui donne une couleur celto/orientale à cette reprise.
Dès son insertion dans la setlist, Out On The Western Plain y restera pour ne plus jamais en sortir et Rory n'aura de cesse de la jouer durant les vingts années qui suivront.

L'album original se termine avec At The Bottom, un titre country aux airs de chevauchées vers le soleil couchant...
La réédition de 1999 voit l'insertion de deux titres assez anecdotique: Cluney Blues (un genre de jam tournant autour d'un shuffle Blues) et My Baby, Sure sorte d'hommage à Elvis et aux Sun Records.


A contre courant semble effectivement être le terme adéquat pour qualifier cet album. Un album qui recèle par moment le meilleur de son auteur. Le mystère reste de savoir pourquoi malgré ses qualités évidentes, Against The Grain ne tient pas une place de premier plan lorsque l'on évoque la discographie du guitariste.







vendredi 22 octobre 2010

Irish Tour (1974)

Ladies and Gentlemen... Rory Gallagher !!!





1.Cradle Rock
2.I Wonder Who - 7'53
3.Tattoo'd Lady - 5'02
4.Too Much Alcohol - 8'29
5.As the Crow Flies - 5'51
6.A Million Miles Away - 9'36
7.Walk on Hot Coals - 11'30
8.Who's That Coming ? - 10'10
9.Stompin' Ground (After Hours) - 5'22
10.Maritime - 0'33

En 1974, Rory Gallagher n'est plus à présenter... cela fait alors 4 ans qu'il a quitté le power trio Taste avec lequel il a connu la reconnaissance ultime lors du Festival de l'île de Wight en août 1970 et qu'il s'est lancé dans une carrière solo des plus prometteuse. Avec déjà 4 albums au compteur et un live (le fameux Live in Europe) Rory remet le couvert avec une tournée intense à travers l'Irlande dont deux dates serviront de support pour ce deuxième album live.

Initialement baptisé Irish Tour 74' il sera rebaptisé Irish Tour lors de sa réédition CD et verra son contenu légèrement modifié avec le remplacement du titre Just a Little Bit par un court instrumental d'une trentaine de seconde Maritime. De plus sa jaquette d'origine d'un gris très sobre est remplacé par une photo de Rory guitare en main semblant plus dater de la fin des 70's.

Pochette du LP Original

Dès les premières notes le ton est donné, le son de la strat au vernis élimé investi l'espace et retient directement l'attention. Rory lance alors le riff explosif de Cradle Rock nouveau titre issu de l'album Tattoo. Le moment de grâce de ce morceau reste sûrement le passage au bottleneck, où Rory chante à l'unisson avec sa guitare (une des nombreuses caractéristique du jeu de l'irlandais).

Rory présente alors son groupe composé de Rod De' Ath (batterie), Lou Martin(clavier) et de l'inséparable Gerry Mc Avoy (basse) qui est sûrement la meilleure formation avec laquelle le guitariste irlandais a pu évoluer au cours de sa carrière.

Gallagher se fait alors plaisir en reprenant un titre d'une de ses idoles (Muddy Waters) avec I Wonder Who... un slow blues où Rory fait part de son amour pour le Blues et expose sa virtuosité à travers des bends dégoulinant de feeling et de rage.

Le disque se poursuit avec toujours autant d'intensité avec notamment un de ses titres les plus forts Tattoo'd Lady issu lui aussi de l'album Tattoo où Rory se fend d'un solo d'anthologie.
Too Much Alcohol reprise du bluesman J.B Hutto que Rory reprend d'habitude en acoustique est reprise, ici, à l'électrique dans une version non pas dénué d'intérêt mais qui souffre un peu de la comparaison avec les versions habituelles.

Avec As the Crow Flies reprise de Tony Joe White, Gallagher prouve quel guitariste doué et éclectique il pouvait être. Avec sa National Resonator, il fait sonner ce titre acoustique avec autant d'énergie, que les titres les plus Rock de son répertoire.



Sur A Million Miles Away une nouvelle facette de son talent peu reconnu et bien trop éclipsé par ses talents de guitariste apparaît à savoir ses talents de parolier. Avec ce titre Rory crée un hymne à la solitude. Assis au comptoir du Bar d'un hôtel il se sent à des "millions de kilomètres naviguant comme une épave dans une baie balayée par le vent". Connaissant un peu la personnalité solitaire de Gallagher ces paroles ont tout du texte autobiographique.
Bien sûr la musique n'est pas en reste Rory demeure toujours aussi brillant et habile dans son art et propose, ici, une version puissante et une perfection qu'il atteindra rarement sur ce titre lors des tournées qui suivront.Les autres musiciens aussi se démarque sur ce titre avec notamment un splendide solo d'orgue de Lou Martin.

Sur les titanesques Walk on Hot Coals et Who's that Coming ?, Rory transcende l'auditoire, prouvant (si il est utile de le rappeler) quel virtuose il était.

Ce Irish Tour perd malheureusement un peu de sa magie et de sa cohérence avec Stompin' Ground (After Hours) un titre studio mis en fin d'album ainsi que le court instrumental Maritime qui achève ce live d'une drôle de manière.
Malgré ce petit détail Irish Tour demeure un sommet dans la discographie de Rory Gallagher que tout fan se doit de posséder.









jeudi 21 octobre 2010

Tattoo (1973)



1. Tattoo'd Lady - 4'41
2. Cradle Rock - 6'17
3. 20:20 Vision - 4'04
4. They Don't Make Them Like You Anymore - 4'07
5. Livin' Like a Trucker - 4'24
6. Sleep On a Clothes Line - 5'15
7. Who's That Coming - 7'15
8. A Million Miles Away - 6'57
9. Admit It - 4'23

Bonus tracks de la réédition de 2000:

1. Tucson, Arizona - 3'51
2. Just A Little Bit - 7'43



Seulement quelques mois après la sortie d'un Blueprint inégal, le Rory Gallagher retourne en studio en août 1973, pour donner naissance au deuxième album studio du quartette et 4ème album solo de Rory Gallagher.




L'album s'ouvre sur Tattoo'd Lady, véritable classique inusable du répertoire de Rory. Il sera tant interprété sur scène qu'on en oubliera presque l'originale. Moins pêchue que celle du live Irish Tour '74 par exemple, la version studio aura le mérite de montrer la cohésion du groupe, les claviers de Lou Martin s’insérant "enfin" dans la section rythmique.  
Cradle Rock quant à lui joue la carte de l'agressivité, prouvant ainsi que l'ajout des claviers ne gomme pas pour autant le tranchant de la guitare. Les parties de bottleneck en phrasé chanté sont tout bonnement jouissives. Avec ce titre Gallagher tient une véritable bombe scénique !


22:20 vision revient à du plus conventionnel et raffiné. Un titre acoustique avec quelques traits de slide et d'harmonica le tout soutenu par des interventions subtiles de Lou Martin.
Le Jazz refait son apparition sous les traits de They Don't Make Them Like You Anymore. Un morceau qui n'est pas sans rappeler l'époque Taste, avec la seule différence où seul Rory et Lou font étalage de leur virtuosité. Les parties guitare/clavier jouées à l'unisson constituent l'intérêt majeur de ce titre.




Contrairement à ce que l'on pourrait penser sur le titre Livin' Like A Trucker - hymne pour les voyageurs solitaires- le son de wah wah ne provient pas de la guitare de Rory. En effet n'appréciant que très peu cet accessoire, il incombe alors à Lou Martin de jouer ce rythme de wah wah sur un clavinet Hohner.


Sleep On A Clothes Line est un shuffle Blues enjoué, sympathique à défaut d'être original. Il rappel un peu Hands Off présent sur l'album précédent.


Il faudra donc attendre Who's That Coming pour entendre Rory jouer de la guitare resonator (La fameuse National Triolian 1932). Il entamme le riff au bottleneck sur sa national avant de laisser place à la slide électrique et au groupe. Le genre de morceau de bravoure que seul Rory était capable de composer. Un titre qui prendra pleinement sens sur scène et notamment lors du fameux Irish Tour '74. A noter en léger fond sonore le retour du clavinet et de la wah wah de Lou Martin.


Pochette Originale
A Million Miles Away est Le blues ultime de Rory Gallagher, la couleur celtique de l'intro (encore plus flagrante en live) donne le ton à cette complainte, cet hymne à la solitude. Il deviendra un énorme classique et ses paroles prendront une nouvelle dimension lors des derniers moments de sa carrière. Incontestablement la perle de l'album !
L'album de 1973 se termine avec Admit It et son gimmick de batterie en intro quasiment Funk. Un titre qui se pare d'une ambiance assez sombre, on pourrait se risquer à le rapprocher de certaines compositions du Deep Purple Mk III.


Le premier Bonus Tracks de la réédition de 2000 est  Tucson, Arizona -titre country du rocker Link Wray  de 1972. Rory s'illustre par son jeu au bottleneck et par un chant incroyablement sûr et une voix claire.
Le second bonus Track est Just A Little Bit, un titre du chanteur et pianiste Blues Rosco Gordon. Repris par Rory sous la forme d'un boogie digne des plus grands brûlots texan. Il figurait à l'origine sur la première version du Live Irish Tour'74.




Avec Tattoo, Rory semble enfin avoir trouver ses marques dans cette nouvelle formation. Il signe quelques uns de ses plus grands classiques, qui pour la plupart seront transcendés en live et notamment sur la tournée qui donnera naissance au célèbre Irish Tour '74.







dimanche 10 octobre 2010

Blueprint (1973)

Rory Gallagher Band Mk II


1. Walk On Hot Coals - 7'03
2. Daughter of the Everglades - 6'13
3. Banker's Blues - 4'46
4. Hands Off - 4'31
5. Race the Breeze - 6'54
6. Seventh Son of a Seventh Son - 8'25
7. Unmilitary Two-Step - 2'49
8. If I Had a Reason - 4'30

Bonus tracks de la réédition de 2000:

1. Stompin' Ground - 3'31
2. Treat Her Right - 4'00

Au mois de juin 1972, la nouvelle tombe comme un couperet - Wilgar Campbell jette l'éponge. Il est de plus en plus anxieux à l'idée de devoir prendre l'avion. Cette phobie naissante met ainsi un terme à sa collaboration au sein du Rory Gallagher Band.
Campbell est remplacé au pied levé par le gallois Rod De' Ath  qui officiait avant au sein du groupe Blues - Killing Floor. Il fait alors une entrée remarquée dans le groupe (alors encore au format trio) lors du concert au Savoy Lemerick de mai 1972.
Deux mois plus tard c'est au tour du claviériste Lou Martin (lui aussi ancien Killing Floor) d'intégrer le Rory Gallagher Band.
Le Rory Gallagher Band Mk II est alors né.



Fin 1972, le groupe devenu quartette entre en studio pour donner naissance au 3ème album studio de l'irlandais. L'album sortira en février 1973.
Blueprint tranche tout de suite avec ses prédécesseurs de par son côté plus produit. Le clavier gommant le tranchant de la guitare de Rory et cet aspect live qui faisait la particularité de l'album éponyme et de Deuce. Cette raison sera d'ailleurs responsable de sa relative impopularité au près des fans de la première heure.

L'album s'ouvre avec Walk On Hot Coals, une version transformée du classique de Howlin' Wolf - Shake For Me. Totalement méconnaissable, le titre bénéficie de nouvelles paroles et d'un riff de guitare joué à l'unisson avec le clavier. Les échanges clavier/guitare constituent l'intérêt majeur de ce titre. On notera simplement que ce morceau prendra pleinement sens, sur scène et notamment lors de la tournée qui donnera naissance au mythique Irish Tour'74.


Avec Daughter Of The Everglades, Rory compose un titre audacieux, plus écrit que le précédent et où le clavier de Lou Martin tient une place de choix. Un titre dont le style demeure indéfinissable... on décèle cependant une certaine influence celtique.

Un album du Rory Gallagher Band  ne serait pas ce qu'il est sans une reprise de Blues acoustique. Banker's Blues du Bluesman Big Bill Broonzy est reprise par le groupe dans un esprit festif qui sied bien aux paroles teintés d'humour du classique de Broonzy.

Souvent confondu avec Hands Up de l'album éponyme, Hands Off est pourtant à l'opposé de ce dernier. Le premier étant un Rock où les breaks de batterie sont légions alors que sur le second il s'agit d'un Shuffle Rock sans réelle surprise qui prendra sa vraie dimension sur scène de part l'enthousiasme transmis par les musiciens.
Race The Breeze poursuit sur cette note de légèreté où chacun des protagonistes se livrent à cœur joie sur leurs instruments. Un titre enjoué dont le principal attrait réside dans les parties de slide de Rory ponctuant le titre.

Pochette Originale

Le côté sombre de Seventh Son Of The Seventh Son tranche par contre complétement avec les autres titres. Construit autour du motif rythmique joué par Gerry Mc Avoy auquel vient se superposer les autres instruments. Outre la cohésion du groupe ce morceau montre que Rory n'est pas uniquement un fin guitariste et improvisateur, il sait aussi créer de véritables pièces écrites s'étirant sur plusieurs minutes. A noter l'apparition furtive du saxophone en fin de titre mais uniquement pour tapir un fond sonore.

Unmilitary Two-Step est l'autre titre acoustique de l'album. Plus intimiste cet instrumental a le mérite de montrer l'érudition de Gallagher dans le finger picking Folk.
L'album original de 1973 se termine sur le titre If I Had A Reason, un titre Country plutôt plaisant où les musiciens sans bavardage inutile se mettent au service du titre qu'ils interprètent.

Les Bonus Tracks de l'édition de 2000 sont Stompin' Ground, un shuffle où la slide est reine... et Treat Her Right, reprise de Roy Head & The Traits. Hommage de Rory à la période où il officiait dans des showbands (Fontana Showband & Impact Showband).

Blueprint est loin d'être exempt de défaut, l'insertion des claviers de Lou Martin ne se faisant pas toujours de manière convaincante. Ils sont souvent là pour accompagner mais ne sont rarement l'élément central des compositions comme se sera le cas par la suite.
Cependant l'album a le mérite de montrer un artiste sous un autre jour, cherchant constamment à se renouveler.







lundi 27 septembre 2010

The Beat Club Sessions DVD 2 & CD (2010)


DVD 2: The Beat Club Sessions


Beat Club était un programme de la Télévision allemande qui a duré du 25 septembre 1965 au 9 décembre 1972.
Rory y participera à plusieurs reprises, la première fois étant avec Taste. Malheureusement les prestations du groupe ne sont pas présentent sur ce DVD.

Rory s'est produit à trois reprises dans l'émission de 1971 à 1972:

 Beat Club N°67 – 15 mai 1971 :

1.Laundromat > Beat Club 67 - Déjà paru officiellement
2.Hands Up > BC 67 - inédit
3.Sinnerboy > BC 67 - Déjà paru officiellement
4.Just The Smile > BC 67 – inédit

Beat Club N° 74 – 26 décembre 1971

5.Used To Be > BC 74 - Déjà paru officiellement
6.In Your Town > BC 74 ) Déjà paru officiellement
7.Should’ve Learned My Lesson > BC 74 – inédit
8.Crest Of A Wave > BC 74 – Inédit

Beat Club N°79 – 11 juin 1972

9.Tore Down > BC 79 - inédit
10.Pistol Slapper Blues BC 79 > Déjà paru officiellement
11.I Don’t Know Where I’m Going > BC 79 - inédit
12.Going To My Hometown > BC 79 - inédit officiellement
13.I Could’ve Had Religion > BC 79 - inédit
14.McAvoy Boogie > BC 79 - inédit
15.Hoodoo Man > BC 79 - inédit
16.Messin’ With The Kid > BC 79 - inédit

La tracklist du DVD se présentant comme ceci:

1.Laundromat
2.Hands Up
3.Sinnerboy
4.Just The Smile
5.Used To Be
6.In Your Town
7.Should’ve Learned My Lesson
8.Crest Of A Wave
9.Tore Down
10.Pistol Slapper Blues
11.I Don’t Know Where I’m Going
12.Going To My Hometown(Song for/about Cork)
13.I Could’ve Had Religion
14.McAvoy Boogie (?)
15.Hoodoo Man
16.Messin’ With The Kid


Lors de la première émission c'est un tout récent Rory Gallagher Band qui se présente, composé de Rory Gallagher (Chant/Lead Guitar), Gerry McAvoy (Basse), Wilgar Campbell (batterie). La formation a en effet quelques mois d'existence et vient tout juste de sortir son premier album. Les titres qu'elle délivre sont tous issu du premier opus.

Laundromat et Hands Up sont interprétés dans d'excellentes versions où l'on sent encore le fantôme de Taste. Rory est aventureux dans ses solos comme lorsqu'il officiait au sein du fameux power trio, à la seule différence où la section rythmique ne tente à aucun moment de rivaliser de concert avec le guitariste.  La basse et la batterie jouant seulement leur rôle d'assise rythmique.





Si Sinner Boy dont la version présente dans cette émission est fidèle à la version studio et semble connu d'un grand nombre de fans, l'inédit que constitue l'interprétation de Just a Smile est tout bonnement jouissif à voir et à entendre. Ponctuant son interprétation de traits de slide inspirés, Rory livre là une version personnelle à cent lieues de la version studio et sans aucun doute la version définitive de ce titre (en attendant, on l'espère de futures parutions de ce titre dans le catalogue officiel).


La seconde émission quant à elle, est placée sous le signe de l'album Deuce. L'album étant fraîchement sorti, c'est tout naturel que la setlist de cette émission soit composée de morceau issu de cet album.
Si Used To Be et Crest of a Wave sont délivrés dans des versions convaincantes, sur In Your Town le groupe présente là une des meilleures interprétations live, qui n'a absolument rien a envier à la version choisie pour figurer sur le Live in Europe quelques mois plus tard. Should've Learn My Lesson quant à lui transcende littéralement la version studio qui fait pâle figure en comparaison.





La troisième et dernière émission auquel participera Rory pourrait être perçu comme une émission promotionnelle du Live in Europe, tant son contenu y ressemble par bien des aspects.
Toutefois cette 3ème édition prend des allures de jam session que n'avaient pas les éditions précédentes. Comme le montre la fiévreuse interprétation du Blues de Freddy King, Toredown, et les versions de Could've Had Religion, Hoodoo Man et le McAvoy Boogie. Ce dernier étant pour le coup une véritable jam improvisée.


Au final ce second DVD se révèle comme étant l'argument numéro 1 quant à l'acquisition de ce double DVD.


Sorti simultanément que le double DVD, cet album Live retrace en partie les prestations du Rory Gallagher Band présentent dans le DVD. En étant toutefois délesté de certains titres et muni d'une tracklist légèrement différente au niveau de l'ordre des titres et du contenu.

Tracklist du CD:

1. Laundromat
2. Hands Up
3. Sinnerboy
4. Just The Smile
5. I Don't Know Where I'm Going
6. I Could've Had Religion
7. Used To Be
8. In Your Town
9. Should've Learned My Lesson
10. Crest Of A Wave
11. Toredown
12. Messin With The Kid







Ghost Blues: The Story of Rory Gallagher DVD 1 (2010)

En ce mois de septembre, l'actualité gallagherienne est illuminée par la sortie le 13 septembre 2010 d'un double DVD contenant le documentaire Ghost Blues, et l'ensemble des prestations du Rory Gallagher Band dans l'émission musicale allemande Beat Club de 1971 et 1972.



DVD 1: Ghost Blues (The Story of Rory Gallagher)


Diffusé initialement sur la chaine irlandaise RTE en juin dernier pour commémorer les 15 ans de la disparition de Rory Gallagher. Ghost Blues du réalisateur Ian Thuillier (réalisateur, producteur et photographe irlandais) se veut plus comme un hommage que comme un véritable document de référence sur l'oeuvre du guitariste.
On a bien sûr l'évocation de ses débuts dans ses premiers groupes (Fontana et Impact Showband), l'aventure Taste et ses différents line up solo sont évidemment évoqués.Les relations qu'il entretenait avec le music business et l'intransigeance à l'égard de ce dernier semble être le principal fil conducteur de ce documentaire.



L'intérêt principal de Ghost Blues outre les quelques photos et images d'archives exhumées, réside dans le témoignage de ceux qui l'ont connu et côtoyé: Donal Gallagher (Manager et frère de Rory), Cameron Crowe (réalisateur et ancien Rock Critic), The Edge (guitariste de U2), Ronnie Drew (Chanteur des Dubliners), Bill Wyman (ancien bassiste des Rolling Stones)...
Tous livrent des anecdotes personnelles et leur vision de l'homme, du musicien et de l'artiste.



Toutefois Ghost Blues n'est pas le documentaire définitif sur Rory Gallagher, au mieux une bonne introduction dans l'univers de l'artiste.
Il est par exemple regrettable que sa discographie ne soit pas un minimum décortiquée et analysée. Pire même, je pense que si l'on ne connait absolument rien à sa discographie et aux différentes périodes et line up, il sera difficile de faire le lien par moment avec ce qui est proposé dans le documentaire. On regrettera aussi la place prise par certaines anecdotes un peu envahissantes de la part de certains intervenants (ex: Johnny Marr).


Au final, un documentaire hommage plus qu'une analyse pertinente de la vie et de l'œuvre de ce musicien de génie. Pour un éclairage plus complet sur la vie de Rory Gallagher, je vous renvoie au livre (que je chroniquerai plus tard) de Jean Noël Coghe "Rory Gallagher: Rock n' Road Blues", réédité au format poche en avril 2010.

lundi 20 septembre 2010

Rory Gallagher - Live In Europe (1972)



1. Messin' With the Kid - 6'25
2. Laundromat - 5'12
3. I Could've Had Religion - 8'35
4. Pistol Slapper Blues - 2'54
5. Going to My Hometown - 5'46
6. In Your Town - 10'03
7. Bullfrog Blues - 6'47

Bonus tracks de la réédition de 1999

1. What in the World - 7'40
2. Hoodoo Man - 6'02

Beaucoup estime que l'essence même de la musique de Rory Gallagher se trouve sur scène. A l'écoute du Live in Europe, enregistré durant la tournée européenne ayant suivit la sortie de l'excellent Deuce, (elle s'étala de février à mars 1972) on ne peut que leur donner raison.
Peut être moins connu car plus Blues que Irish Tour '74 ou Stage Struck, In Europe n'en demeure pas moins celui des trois qui capte le mieux la musique de Gallagher dans ce qu'elle a de plus brut.


D'emblée ce qui frappe sur ce live, c'est de voir la part belle qui a été faite aux reprises. Sur les sept titres de la version originale, seul deux sont issus des albums studio du guitariste. Quant aux reprises elles sont suffisamment transformées pour paraître comme étant ses propres compositions. Rory est l'un des rares guitaristes de sa génération à être capable de proposer sa version de grands standards Blues.

Ce que montre la version sous amphétamine du titre du bluesman harmoniciste Junior Wells - Messin' With The Kid. Avec un riff d'intro résolument plus Rock que la version dont elle s'inspire. Rory grave là, un de ses plus beaux solos et par la même occasion l'une des meilleures reprises de ce titre.

Laundromat est un titre qui a fait son petit bonhomme de chemin, depuis sa parution sur le premier album studio de l'irlandais, le groupe n'aura de cesse de le jouer pendant un an. La version retenue sur ce live montre le cohésion du groupe... plus concise, là où certaines versions montre un Rory plus aventureux dans ses solos. Cette dernière n'en demeure pas moins jouissive et probablement une des versions définitives de ce titre.


I Could've Had Religion est un air traditionnel que Rory a fait sien. Il exprime pendant près de dix minutes une longue complainte Blues soutenu par des traits d'harmonica dylannien. Pour la petite histoire, Bob Dylan hésitera un moment à reprendre ce titre mais estimera la version de Rory comme définitive.

Comme bien des guitaristes de sa génération, Rory éprouve une réelle passion pour les racines de la musique américaine et plus particulièrement le Blues rural des années 1920/1930. Mais ce qui le différencie de ses nombreux contemporains c'est qu'il ne se contente pas des standards éculés. En véritable passionné, il dépoussière de vieux titres de bluesmen plus obscurs. A l'instar du titre Pistol Slapper Blues du bluesman Blind Boy Fuller repris ici sous une forme acoustique totalement inédite, montrant toute son habilité au picking du Piedmont Blues.

Unique composition de Gallagher qui ne figure sous aucune forme studio. Il est vrai que l'atmosphère Live est pour beaucoup dans la réussite de Going To My Hometown. Un titre audacieux interprété à la mandoline avec le groupe. C'est exactement le genre de titre que l'on s'attend à entendre dans tous les pubs des vieux ports des côtes d'Irlande. La version présente sur In Europe si elle est parfaitement interprétée n'en demeure pas pour autant la version définitive. Lors des tournées qui suivront (avec notamment l'insertion du clavier de Lou Martin) ce titre prendra une dimension populaire et fédératrice avec un public chantant quasi systématiquement les paroles.




In Your Town, le morceau de bravoure à la slide guitar de l'album Deuce est livré dans une de ses meilleures versions live. Elle montre aussi le peu de temps qu'il a fallu à la formation pour l'intégrer parfaitement dans la setlist (Deuce est sorti en novembre 1971).

L'édition originale de Live In Europe se conclue de la plus fiévreuse des façons. Avec le traditionnel Bullfrog Blues (que l'on attribue généralement au bluesman William Harris et dont Canned Heat avait fait une reprise en bon puriste quelques années plus tôt).
C'est un boogie fiévreux de bout en bout où Rory en grand virtuose de la slide est plus bavard que jamais. C'est aussi l'occasion d'entendre Gerry Mc Avoy (basse) et Wilgar Campbell (batterie) le temps de solos respectif.

La réedition de 1999 voit l'intégration des deux airs traditionnels, What In the World et Hoodoo Man. Deux complaintes Blues qui s'étirent en longueur, placées entre In Your Town et Bullfrog Blues. Elles ont plutôt tendance malgré leurs qualités évidentes à briser le rythme frénétique instauré dans la deuxième partie du live.

Quelques temps après la sortie de Live In Europe, Rory sera élu meilleur guitariste de l'année 1972 par un sondage paru dans le magazine Melody Maker. Une soudaine renommée qui est sans conteste à mettre au crédit du succès populaire de In Europe.







dimanche 19 septembre 2010

Deuce (1971)

Rory Gallagher part II


1. I'm Not Awake Yet - 5'24
2. Used to Be - 5'06
3. Don't Know Where I'm Going - 2'42
4. Maybe I Will - 4'15
5. Whole Lot of People - 4'57
6. In Your Town - 5'47
7. Should've Learnt My Lesson - 3'36
8. There's a Light - 5'59
9. Out of My Mind - 3'05
10. Crest of a Wave - 6'00

Bonus Track de la réedition de 1999:

11.Persuasion - 4'42

1971 est une année charnière et particulièrement prolifique pour Rory Gallagher. Après avoir bouclé un album éponyme de haute volée, la formation retourne en studio fin 71 pour donner naissance à son successeur - Deuce.
Souvent considéré comme l'autre face de l'album éponyme, Deuce s'en démarque toutefois par une plus grande cohérence au niveau des différents styles abordés. L'acoustique et la slide sortent largement du lot comme l'atteste le titre d'ouverture.

De gauche à droite: Rory Gallagher/Wilgar Campbell/Gerry McAvoy
I'm not awake yet qui ouvre l'album montre le chemin parcouru par Rory en l'espace de deux ans. Là où chez Taste son talent à l'acoustique en était encore à ses balbutiements. Sur ce titre il propose son œuvre acoustique la plus ambitieuse mais aussi la plus aboutie. Cet enchevêtrement de guitares et la façon dont ces dernières sont orchestrées rendra malheureusement ce titre quasi inexploitable sur scène. Ce qui est d'autant plus d'hommage puisque le morceau comptait parmi les préférés de Rory:
"Je ne changerai pas certains des titres, mais il se trouve que I'm Not Awake Yet est un de mes favoris. C'est un thème inhabituel, parce que c'était la chose la plus proche d'un morceau de guitare celtique avec une 12 cordes. L'idée même était, pas vraiment comme un voyage astral mais bien souvent quand tu peux contrôler ce moment où tu es dans un état de rêve semi conscient. C'était cette idée là."

La violente décharge Rock qu'est Used to be, elle, rentre dans un registre plus habituel. Ouvrant initialement l'édition originale de 1971, c'est un titre déjà bien rôdé par le groupe pendant la tournée ayant suivie la sortie du premier album. Mais il ne survivra pas face à l'apparition des autres standards rock qui suivront. On peut pourtant retenir que les versions les plus mémorables figurent sur le BBC Sessions de 1999 et le tout récent Rory Gallagher: The Beat Club Sessions.

Don't Know Where I'm Going revient à un registre acoustique mais dans une veine Folk/Country/Blues proche des grands songsters américains et bluesmen du piedmont (Reverend Gary Davis, Missippi John Hurt...) et s'inscrit dans l'héritage des chanteurs Folk de la fin des 50's et débuts 60's. On pense notamment à Bob Dylan à l'écoute des petits traits d'harmonica de Rory.

L'influence du Merseybeat initié par les groupes de Liverpool fin 50 et début 60's (notamment par The Beatles à leur début) est notable dans la composition Maybe I Will. Rory ayant fait ses premières armes de guitariste avec des variantes de la musique américaine comme le skiffle et le merseybeat, il est fort probable qu'il ait voulu rendre hommage à l'une de ses premières influences musicales par le biais de ce titre.


Whole Lot Of People et In Your Town montre à l'instar du titre d'ouverture la maturité guitaristique acquise par Rory en l'espace de deux ans. Son jeu au bottleneck à atteint une nouvelle étape, le hissant parmi les plus grands spécialistes du genre. Si sur le premier titre la guitare slide participe à instaurer un certain climat. Sur le second il démontre toute sa maîtrise de cette technique sans pour autant tomber dans la démonstration stérile. Du grand Art !

Should've Learn My Lesson est peut être le titre le plus faible de l'album. Rory livre une compo Blues personnel mais plus proche de l'exercice de style que du déballage de tripes. Quand on sait ce qu'il est capable de faire avec les Blues de ses maitres (Muddy Waters, Otis Rush...) sur ce titre on est un peu déconcerté du résultat. Si le titre avait duré un peu plus en longueur peut être que l'étincelle serait apparue ?

There's a light est d'une autre paire de manche, poursuivant dans un registre Jazzy comme sur les précédents opus. Il a cependant remis son vieux saxophone alto au placard, ne se concentrant que sur son seul jeu de guitare ponctuant le titre de solos de guitare particulièrement inspirés.

Out of My Mind revient dans le registre acoustique dans un style Bluesgrass/Country dans la veine d'un Doc Watson. Outre une passion pour le Rock, la musique Folk et le Blues, Gallagher nourrissait une passion pour la musique Country (mais pas celle avec les violons comme il s'amusait à rappeler dans certaines interviews)
Il est clair à l'écoute de ce titre que Rory à forgé son jeu acoustique et notamment exercé sa dextérité, par le biais des grands noms du Bluegrass et de la Country.

L'album original de 1971 se terminait sur le titre Crest Of A Wave, un rock jouissif contant une partie de cartes assez surréaliste, le tout soutenu par des envolées de slide spectaculaire. Le titre fera lui aussi son petit bonhomme de chemin dans la setlist des concerts du Rory Gallagher Band, avant que ce dernier ne passe de la forme du trio au quatuor.

Bonus Track de la réedition de 1999, Persuasion a été judicieusement écarté de l'album original, tant il contraste de par sa couleur (Hard ?) Rock prononcée. On sent déjà dans ce titre le Rock aux intonations celte qui feront, neuf ans plus tard, les beaux jours d'une compo comme Bad Penny et qui ouvrira la voie au Hard Rock celtisant de Thin Lizzy.


S'il est toujours perçu comme un prolongement de Rory Gallagher (1971), Deuce n'en demeure pas moins un album unique de par sa cohérence qui cristallise sur disque l'essence même de la musique de son auteur.







mercredi 15 septembre 2010

Rory Gallagher (1971)

Un nouveau départ.


1. Laundromat (4:48)
2. Just The Smile (3:41)
3. I Fall Apart (5:12)
4. Wave Myself Goodbye (3:30)
5. Hands Up (5:25)
6. Sinner Boy (5:04)
7. For The Last Time (6:35)
8. It's You (2:38)
9. I'm Not Surprised (3:37)
10 Can't Believe It's True (7:06)

Bonus Track:

11. Gypsy Woman (4:02)
12. It Takes Time (3:34)

C'est dans la douleur et l'amertume que Rory Gallagher auto produit et enregistre son tout premier album studio. Seulement quelques mois après la séparation avec ses compères du power trio Taste, principalement pour divergence musicale, Richard McCraken (basse) et John Wilson (Batterie) souhaitant voir la formation lorgner un peu plus vers le Free Jazz, à l’inverse de Rory souhaitant revenir aux racines Blues et s’affirmer encore plus en tant que songwriter. Le clash est alors inévitable, McCraken et Wilson laisse Rory sur le carreau à la recherche d’un guitariste plus sensible à leur orientation musicale. La presse et les fans tiennent, à tort, Rory pour responsable de ce split, un fardeau et une blessure qui ne cicatrisera jamais.

Rory entreprend donc de bâtir son propre groupe avec Gerry McAvoy à la basse et Wilgar Campbell à la Batterie. Il opte pour le format trio comme pour Taste mais à la seule différence où il ne tient pas compte des velléités des deux autres musiciens. Rory tient sa barque d’une main de maître et personne ne lui dictera l’orientation qu’elle doit prendre.

Dès le premier titre Laundromat le ton est donné, le Rory Gallagher Band sera Rock. Exit les envolé Free de Taste, ici, la section rythmique est au service de la guitare. Evidemment ce nouveau standard connaîtra un franc succès en live notamment sur le Live In Europe (1972) un an plus tard.
Just The Smile est l’exemple parfait de l’éclectisme musical de l’irlandais. Ce registre Folk aux relents Celtes fait parti des pépites qui jalonneront le reste de sa discographie.
Sur I Fall Apart on retrouve un Rory à fleur de peau, d’une grande sensibilité dans le chant plombant un solo magistral dégoulinant de feeling. Les paroles ne sont pas en reste, c’est tout simplement les prémices d’un grand songwriter.
Wave Myself Goodbye est d’une autre trempe, avec le pianiste Vincent Crane (Atomic Rooster) comme invité qui ajoute une petite touche Country Honky Tonk.

Hands Up et Sinner Boy semblent être les deux seuls rescapés de la dissolution de Taste. Abondamment interprétés en concert par le trio, avec la nouvelle section rythmique du Rory Gallagher Band ces deux titres connaissent une seconde jeunesse. Sur les breaks de batterie du premier titre, Wilgar Campbell nous fait aisément oublier John Wilson. Quant au jeu au bottleneck de Rory sur le second titre il côtoie celui des plus grands spécialistes du genre.



Puis avec For The Last Time, Rory règle ses comptes en musique avec ses anciens comparses de Taste. Ils se font clairement démolir dans le texte par un Gallagher plein d’amertume (You put me down, For The Very Last Time/ Tu m’as rabaissé pour la toute dernière fois) et revanchard (I Hit The Floor, But I Got Up On The Count Of Nine/ Je touche le sol, mais je me relève au compte de neuf). Vocalement Rory fait preuve d’une grande assurance et guitaristiquement il prouve qu’il est une des plus grandes fines lames de la 6 cordes de son époque. Ses deux solos dont l’intro du deuxième en pinch harmonic sont énormes.


It’s You est une compo country à l’opposé de Wave Myself Goodbye où Rory excelle de nouveau au bottleneck dans un registre toutefois plus calme.
I’m not surprised revient quant à lui à un registre Folk acoustique souligné par les parties de piano de Vincent Crane.
L’ambiance Jazzy de I Can’t Believe It’s True rappelle inévitablement celle de Taste et de l’album On the boards sortit un an plus tôt. Rory grave ici un de ses derniers solos de saxophone, instrument qu’il remisera au profit de la guitare ou d’autres instruments sur les albums suivant.
La réédition de l’album compte deux reprises Gypsy Woman de Muddy Waters et It Takes Time de Otis Rush. Deux grandes versions qui montrent clairement que Rory est un des tous meilleurs guitariste de Blues de sa génération. C’est sûrement pour renforcer l’aspect auteur/compositeur qu’elles furent écartées de l’album.

Au final ce premier album éponyme est un essai réussi et un pied de nez magistral envers les anciens acolytes de Taste. Rory Gallagher fait preuve à seulement 23 ans d’une maturité énorme et d’une maitrise de divers genres musicaux et techniques guitaristiques incroyable pour quelqu’un de son âge.
Très grand album.