mercredi 15 septembre 2010

Rory Gallagher (1971)

Un nouveau départ.


1. Laundromat (4:48)
2. Just The Smile (3:41)
3. I Fall Apart (5:12)
4. Wave Myself Goodbye (3:30)
5. Hands Up (5:25)
6. Sinner Boy (5:04)
7. For The Last Time (6:35)
8. It's You (2:38)
9. I'm Not Surprised (3:37)
10 Can't Believe It's True (7:06)

Bonus Track:

11. Gypsy Woman (4:02)
12. It Takes Time (3:34)

C'est dans la douleur et l'amertume que Rory Gallagher auto produit et enregistre son tout premier album studio. Seulement quelques mois après la séparation avec ses compères du power trio Taste, principalement pour divergence musicale, Richard McCraken (basse) et John Wilson (Batterie) souhaitant voir la formation lorgner un peu plus vers le Free Jazz, à l’inverse de Rory souhaitant revenir aux racines Blues et s’affirmer encore plus en tant que songwriter. Le clash est alors inévitable, McCraken et Wilson laisse Rory sur le carreau à la recherche d’un guitariste plus sensible à leur orientation musicale. La presse et les fans tiennent, à tort, Rory pour responsable de ce split, un fardeau et une blessure qui ne cicatrisera jamais.

Rory entreprend donc de bâtir son propre groupe avec Gerry McAvoy à la basse et Wilgar Campbell à la Batterie. Il opte pour le format trio comme pour Taste mais à la seule différence où il ne tient pas compte des velléités des deux autres musiciens. Rory tient sa barque d’une main de maître et personne ne lui dictera l’orientation qu’elle doit prendre.

Dès le premier titre Laundromat le ton est donné, le Rory Gallagher Band sera Rock. Exit les envolé Free de Taste, ici, la section rythmique est au service de la guitare. Evidemment ce nouveau standard connaîtra un franc succès en live notamment sur le Live In Europe (1972) un an plus tard.
Just The Smile est l’exemple parfait de l’éclectisme musical de l’irlandais. Ce registre Folk aux relents Celtes fait parti des pépites qui jalonneront le reste de sa discographie.
Sur I Fall Apart on retrouve un Rory à fleur de peau, d’une grande sensibilité dans le chant plombant un solo magistral dégoulinant de feeling. Les paroles ne sont pas en reste, c’est tout simplement les prémices d’un grand songwriter.
Wave Myself Goodbye est d’une autre trempe, avec le pianiste Vincent Crane (Atomic Rooster) comme invité qui ajoute une petite touche Country Honky Tonk.

Hands Up et Sinner Boy semblent être les deux seuls rescapés de la dissolution de Taste. Abondamment interprétés en concert par le trio, avec la nouvelle section rythmique du Rory Gallagher Band ces deux titres connaissent une seconde jeunesse. Sur les breaks de batterie du premier titre, Wilgar Campbell nous fait aisément oublier John Wilson. Quant au jeu au bottleneck de Rory sur le second titre il côtoie celui des plus grands spécialistes du genre.



Puis avec For The Last Time, Rory règle ses comptes en musique avec ses anciens comparses de Taste. Ils se font clairement démolir dans le texte par un Gallagher plein d’amertume (You put me down, For The Very Last Time/ Tu m’as rabaissé pour la toute dernière fois) et revanchard (I Hit The Floor, But I Got Up On The Count Of Nine/ Je touche le sol, mais je me relève au compte de neuf). Vocalement Rory fait preuve d’une grande assurance et guitaristiquement il prouve qu’il est une des plus grandes fines lames de la 6 cordes de son époque. Ses deux solos dont l’intro du deuxième en pinch harmonic sont énormes.


It’s You est une compo country à l’opposé de Wave Myself Goodbye où Rory excelle de nouveau au bottleneck dans un registre toutefois plus calme.
I’m not surprised revient quant à lui à un registre Folk acoustique souligné par les parties de piano de Vincent Crane.
L’ambiance Jazzy de I Can’t Believe It’s True rappelle inévitablement celle de Taste et de l’album On the boards sortit un an plus tôt. Rory grave ici un de ses derniers solos de saxophone, instrument qu’il remisera au profit de la guitare ou d’autres instruments sur les albums suivant.
La réédition de l’album compte deux reprises Gypsy Woman de Muddy Waters et It Takes Time de Otis Rush. Deux grandes versions qui montrent clairement que Rory est un des tous meilleurs guitariste de Blues de sa génération. C’est sûrement pour renforcer l’aspect auteur/compositeur qu’elles furent écartées de l’album.

Au final ce premier album éponyme est un essai réussi et un pied de nez magistral envers les anciens acolytes de Taste. Rory Gallagher fait preuve à seulement 23 ans d’une maturité énorme et d’une maitrise de divers genres musicaux et techniques guitaristiques incroyable pour quelqu’un de son âge.
Très grand album.







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