jeudi 16 décembre 2010

Calling Card (1976)


1. Do You Read Me - 5'20
2. Country Mile - 3'18
3. Moonchild - 4'48
4. Calling Card - 5'24
5. I'll Admit Your Gone - 4'25
6. Secret Agent - 5'45
7. Jacknife Beat - 7'04
8. Edged In Blue -  5'31
9. Barley And Grape Rag - 3'39

Bonus Tracks de la réédition de 1999 :

1. Rue The Day - 4'14
2. Public Enemy (B-Girl Version) - 4'35

Pochette Originale
Malgré le désaveu de son auteur (et de Gerry Mc Avoy !) Calling Card est sûrement l'album du quartette le plus réussi. Rory lui reprochait une production trop lourde, gommant l'aspect live et brut de décoffrage en comparaison des opus précédent. Une production réalisé par le non moins célèbre bassiste du Deep Purple MKII: Roger Glover. 

Si l'on compare avec les autres albums du quartette, il est vrai que la section rythmique sonne de façon plus rigide. Ce que montre parfaitement Do You Read Me et son roulement de batterie amorçant un riff de guitare appuyé par l'orgue de Lou Martin. Un titre aux accents Funk qui à l'instar de la majorité des titres de l'album sera exploité pleinement sur scène lors de la tournée suivant la sortie de l'album.

Country Mile est un boogie rock fiévreux qui n'est pas sans rappeler de par sa forme et son usage du bottleneck, le titre Souped Up Ford de l'album précédent.

Jusqu'ici les titres à consonance Hard Rock n'étaient pas légion dans le répertoire de Rory. Moonchild laisse clairement présager l'orientation que Gallagher prendra après Calling Card. Le titre se pare d'une ambiance sombre qui détonne avec les autres compositions de l'album.


Le titre éponyme pourrait être perçu à lui seul comme une synthèse des influences du guitariste. A la fois Blues, Jazz et Rock - Calling Card est le genre de titre qui fera défaut dans les albums qui suivront. Un titre audacieux où la virtuosité de Rory atteint des sommets. Cependant on remarquera que la version studio sera largement supplantée par les versions live où le duo de solos entre Rory & Gerry et l'intense progression qui en résulte viendront parachever ce titre exceptionnel.

L'album se pare ensuite d'une ambiance intimiste et mélancolique avec I'll Admit You're Gone, un titre acoustique agrémentée de partie de slide toute en subtilité.
Véritable archétype blues rock - Secret Agent fait partie des grandes réussites de cet album. Outre les parties de slide qui font mouche, on peut souligner l'ironie des paroles avec un thème cher à Rory: les histoires d'espionnage. Clin d'oeil amusant - lors de certains concerts, Gallagher joue le thème de James Bond à la fin ou au début du titre.

Jacknife Beat à mi chemin entre le Funk et le Jazz tend à prouver que contrairement aux albums précédents, le clavier n'est plus uniquement un prétexte pour jammer. On remarque ici, comme sur la plupart des compositions de l'album qu'il est bien souvent l'élément central et le pilier de chacune des compositions.
Morceau bien trop méconnue du guitariste, Edged In Blue est un véritable bijou de part sa construction. Ses nombreux breaks devaient être plutôt ardu à retranscrire en live, ce qui doit expliquer que l'on dénombre si peu de témoignage audio de ce titre sur scène.

L'album de 1976 se termine avec Barley And Grape Rag, un titre festif joué avec la fameuse National Triolian de 1930. Abondamment jouer sur scène et souvent en medley avec Pistol Slapper Blues, le titre sera ré enregistré plus tard avec le célèbre groupe de musique irlandaise -The Dubliners.  

La réédition de 1999 voit l'insertion de deux titres des sessions de 1977 pour l'album avorté qui devait succéder à Calling Card.
Le premier titre Rue The Day est un titre rythm n' blues explosif rappelant par moment le style de compo de Ike & Tina Turner.
Le second Public Enemy (B-Girl Version) n'est ni plus ni moins que la version embryonnaire du titre Public Enemy N°1 qui verra le jour plus tard sur l'album Top Priority.



Plébiscité à juste titre par les fans, Calling Card malgré les reproches de son auteur est l'opus le plus dense musicalement. Chaque titres montrent une facette différente avec un groupe à son apogée. Pourtant rien ne pouvait laisser présager du revirement à venir ...







dimanche 12 décembre 2010

Against The Grain (1975)

A contre courant


1. Let Me In - 4'03
2. Cross Me Off Your List - 4'30
3. Ain't Too Good - 3'57
4. Souped-Up Ford - 6'32
5. Bought and Sold - 3'34
6. I Take What I Want - 4'23
7. Lost At Sea - 3'58
8. All Around Man - 5'55
9. Out On The Western Plain - 3'53
10. At The Bottom - 3'23

Bonus de la réédition de 1999 :

1. Cluney Blues - 2'13
2. My Baby, Sure - 2'55

Pochette originale

Suite au succès colossal du live Irish Tour'74, Rory prend ses distances avec le music business en signant sur le label indépendant Chrysalis son 5ème album studio - Against The Grain - signifiant littéralement (A contre courant) et désigne aussi le "grain" de la guitare (d'où la photo de la fameuse Strat 61 sur la pochette de l'album). En effet, Rory n'est pas très en phase avec son époque et continu au gré de ses albums de livrer son amour pour le Blues, le Rock, le Jazz et la musique Folk.

Against The Grain marque sa troisième collaboration avec le quartette toujours constitué de Rod De'Ath (Batterie), Gerry McAvoy (Basse) et de Lou Martin (Claviers). Une formation désormais rôdé à l'exercice des albums studios qui sur cet opus montre sa parfaite cohésion.

Ce que démontre parfaitement le titre d'ouverture, Let Me In - un Rock enjoué où les parties de guitares et de claviers ne font plus qu'un.
Cross Me Off Your List se démarque par sa couleur Jazzy et sa rythmique aux accents Funk. Ain't Too Good est sans conteste une des plus belles balades de Rory, mais aussi une des plus méconnues. On y retrouve la sensibilité des premières balades de Gallagher (cf.I fall Apart) avec un chant sûr et un solo de guitare tout en retenu. Ce titre comporte en lui tous les éléments propices pour faire un tube.

Un album de Rory ne serait pas ce qu'il est sans son éternel boogie rock fiévreux, Souped-Up Ford -  est un titre hommage à la Ford Zodiac Executive Mk4 de Rory dans laquelle il avait eu l'honneur, d'y faire monter Muddy Waters fin 1971 lors de l'enregistrement des "Londons Sessions". Un titre où la guitare slide tient une place dominante. Et aussi un grand standard qui connaîtra de beaux jours sur scène.


Autre standard incontournable du répertoire du Rory Gallagher Band - Bought & Sold  et son riff joué et chanté à l'unisson, sera interprété systématiquement sur les tournées qui suivront et même après la dissolution du quartette.

I Take What What I Want est un titre écrit par Isaac Hayes pour le duo de musique Soul - Sam & Dave (1965) - mais c'est la version du duo James & Bobby Purify (1967) qui servira de modèle pour la version sous amphétamine de Rory.

L'hymne pour les marins solitaires aux accents celte - Lost At Sea - tranche avec le son gras de la reprise du bluesman Bo Carter qui suit. Rory s’approprie littéralement All Around Man. Ceux qui pensent qu'avec le quartette, Rory s'éloignait de son son originel seront surpris. Sur ce titre le Rory Gallagher Band MKII se hisse au même niveau que celui du power trio du Live in Europe. Un seul mot pour définir cette reprise: Apocalyptique.

Au regard de sa discographie, il est vrai que Rory a fait beaucoup de reprises. Mais contrairement à d'autres artistes, il ne tombe jamais dans la facilité en jouant à la note près de façon religieuse de peur d'égratigner l'originale. Il n'hésite jamais à s'écarter de l'idiome pour proposer sa version.
Si l'on se fit à ce critère alors Out On The Western Plain est sans conteste la reprise la plus réussie de Rory Gallagher.
Ce titre du bluesman Leadbelly (aka Huddie Ledbetter) dont le titre original est "When The Boys Where Out On The Western Plains" (1954) est repris sous une forme acoustique totalement inédite grâce à l'accordage DADGAD (Ré/La/Ré/Sol/La/Ré) qui donne une couleur celto/orientale à cette reprise.
Dès son insertion dans la setlist, Out On The Western Plain y restera pour ne plus jamais en sortir et Rory n'aura de cesse de la jouer durant les vingts années qui suivront.

L'album original se termine avec At The Bottom, un titre country aux airs de chevauchées vers le soleil couchant...
La réédition de 1999 voit l'insertion de deux titres assez anecdotique: Cluney Blues (un genre de jam tournant autour d'un shuffle Blues) et My Baby, Sure sorte d'hommage à Elvis et aux Sun Records.


A contre courant semble effectivement être le terme adéquat pour qualifier cet album. Un album qui recèle par moment le meilleur de son auteur. Le mystère reste de savoir pourquoi malgré ses qualités évidentes, Against The Grain ne tient pas une place de premier plan lorsque l'on évoque la discographie du guitariste.